lundi 13 septembre 2021

VIKING DEATH SQUAD: la critique

Non mais cherchez pas, votre couverture sera nulle en comparaison

 Autant l'auteur, Brandish Gilhelm aka Hankerin' Ferinale aka Ingrid Burnale (il a du mal à se décider) ne m'avait guère impressionné avec le titre de son jeu précédent, Office Depot Index Card rpg, là il faut reconnaitre qu'il a fait très fort: VIKING DEATH SQUAD. J'irais jusqu'à dire que c'est un nom qui claque au vent de la destruction comme un étendard funeste. Même si on ne visualise pas tout de suite de quoi le jeu va parler, on peut se douter qu'il va être question de guerriers vikings, de haches et de crânes fracassés. Si vous cherchiez de quoi émuler un film comme Le Septième Sceau, vous risquez d'être déçu. 

J'ai pas ramené une épée pour jouer aux dames


Nous sommes en 100ème siècle, l'Infinitum, un empire psychotique et son armée de War Pigs tente de massacrer ce qui reste de l'Humanité. Le carnage est tel qu'il ouvre un passage vers les Enfers, ouvrant la voie à Lucifer qui compte bien participer au bain de sang.

Le jeu vous propose d'incarner deux types des personnages: des membres de la résistance humaine, les Screaming Skulls ou un Immortel, un guerrier viking de 3m de haut, recréé par clonage et génétiquement modifié, maintenue en hypersommeil avant d'être envoyé en combat. Problème: ce sommeil s'apparente pour eux à un long cauchemar et ils décident donc de se révolter contre leurs maitre. Un immortel possède trois "vies", une fois épuisées il meurt pour de bon.

Pourquoi jouer un humain?

Parce qu'il n'existe pratiquement plus d'Immortels. Si dix Immortels meurent, la campagne est terminée, l'Humanité est condamnée, game over man! Et même sans cela les personnages humains offrent un peu plus de variété.

Si le texte et l'image ne vous inspirent pas, le jeu n'est sans doute pas pour vous.


Licornes et paillettes

L'univers de Viking Death Squad respire donc la joie de vivre. Il est fondé sur la chanson War Pigs de Black Sabbath et l'auteur précise bien qu'il a cherché à créer l'univers décrit dans cette chanson. 

Les armes sont énormes, la technologie est mystérieuse et tous les matériaux utilisés sont massifs. Il n'y a pas de petits mécanismes ou de petites diodes ou des moteurs à réparer: un fusil à rivet est littéralement un bloc de pierre rectangulaire qui crache des rivets en fusion. On ne sait pas comment ou pourquoi. Les vaisseaux spatiaux sont des blocs d'obsidienne dépourvus de fenêtres dont les intérieurs sont parfois éclairés avec des torches. Tout est imposant, encombrant, massif et dépourvu de fioritures, à l'image du reste de l'univers.

La mécanique

Lointainement inspirée par le système D6 (assez loin pour vous intéresser même si l'original vous déplait). Le MJ lance de 2 à 6D6 pour déterminer une difficulté, vous faites un jet d'attributs (Puissance, Précision, Astuce, Tripes, Vitesse et Détermination, noté de 1D à 6D) et vous essayez d’obtenir un score supérieur ou égal à la difficulté.

Sur cette base simple viennent évidemment se greffer d'autres choses:comme les compétences. Un terme un peu trompeur car dans leur fonctionnement elles ressemble plus à des dons/talents: elles remplacent généralement un attribut (compétence et attributs ne s'additionnent pas) et propose des effets spécifiques.

Exemple: pour tirer on utilise l'attribut Précision mais si vous avez la compétence Tireur d'élite, vous pouvez choisir de l'utiliser et chaque 6 obtenu sur vos dés vous donne un coup critique.

Le combat propose aussi de nombreuses variations: on fait un jet de Vitesse en début de combat qui vous donne à la fois votre Initiative et votre score en Défense pour le reste du conflit (le score à battre pour vous toucher). On peut bien sûr modifier ce total en étant malin (embuscade, terrain favorable, etc.).

Il n'y a pas de points de vie, un personnage à juste des bouts d'armure sur lui, une fois ces armures détruites un personnage peut-être tué en un coup. Il va falloir faire du rafistolage et ramasser tout ce qui traîne !

Un personnage possède également  un serment, une dette et un code (une chose que vous ne ferez jamais volontairement, en aucune circonstance), pas d'effet mécanique c'est purement narratif.

Pour l'expérience: vous gagnez des runes de sang quand vous accumulez un certain nombre de coups critiques. Les effets de ces runes sont puissants (amélioration d'attribut, vies supplémentaires, etc.) et c'est le seul moyen de progresser. Encore une fois, le jeu s'appelle Viking Death Squad, pas Skäld Merry Melodies, il va falloir poutrer pour s'améliorer. 

On sait tous que c'est le premier truc que vous regardez dans un jdr.

 

Le reste du livre

Comme c'était déjà le cas pour Index Card RPG, les conseils destinés au MJ, notamment pour s'approprier l'univers sont très bons et proposent de nouvelles approches (vous êtes habitués à utiliser des images pour trouver l'inspiration ? Essayer avec une chanson maintenant !). Le bestiaire est varié et vraiment conçu pour faciliter la tâche du MJ. Vous trouverez également un scénario d'introduction plus neuf aventures mais attention ! Chaque aventure tient sur une page, l'auteur prévient dés le départ que le MJ va devoir faire l'essentiel du travail même si les infos fournies permettent largement d'improviser en cours de partie. Si vous trouver que les Adventure Paths pour Pathfinder sont trop succincts, Viking Death Squad n'est pas pour vous.

Des défauts? 

C'est une question de goût mais je trouve que l'auteur se laisse parfois aller à la facilité dans ses descriptions: un lieu comme la forêt empoisonnée est une copie conforme de celle de Nausicaa de la Vallée du vent, sans aucune valeur ajoutée. Les noms de certains lieux, ne sont vraiment pas folichons ("Hellifornia"?) . J'avais déjà eu la même impression avec l'univers med-fan d'Index Card RPG, Alflheim, dont les inspirations étaient parfois tellement transparentes qu'on avait un peu l'impression d'avoir une version Leader Price de certains univers. C'est d'autant plus décevant quand on sait que l'auteur peut faire beaucoup mieux (l'univers SF de Warp Shell notamment). Mais vous l'aurez compris: c'est un avis purement personnel et ça ne nuit en rien à la qualité générale de l'ouvrage.

L'avis de l'Ours

Viking Death Squad n'est pas un jeu qui fera l'unanimité et c'est tant mieux, cela prouve qu'il a une véritable personnalité. Les conseils aux MJ, les illustrations et l'univers aussi brutal que baroque me plaisent énormément. Dans un genre semblable, l'excellentissime Mantoid Universe de chez Batrogames vaut largement le détour si vous êtes allergiques à l'anglais.

Cadeau bonus

Sur le site du jeu l'auteur propose une tonne de musique d'ambiance destinée au jeu. 

Pour une durée indéterminée (à ma connaissance), le code HIGHLANDER vous donne 10% de réduc sur la boutique de Modiphius (non, je ne touche rien sur les ventes).

4 commentaires:

Blakkrall a dit…

Merci pour cette critique !
J'adore "la version leader price" ^^

Et oui, la fiche de perso, c'est une des premières choses que je regarde dans un bouquin de JDR, car ça en dit énormément sur le système de jeu !

Mantoïd universe doit vraiment t'avoir plu, ça fait deux fois que tu le places en peu de jours^^

childeric maximus a dit…

La prochaine fois je me tais.

Merci pour cette critique édifiante.
Bon, Blak a déjà répondu sur la fiche de PJ et Mantoïd. Faut que je trouve autre chose.
Ah, oui ! Y'a une VF de prévue ? Sinon tant pis, je vais craquer sur la VO.

Kobayashi a dit…

Merci à tous les deux et oui Mantoid Universe c'est très bon si on aime ce genre (Heavy Metal Sci-Fi ?)

Bob Mory a dit…

Moi,ce que j'admire,c'est que tu aies pu placer une référence à un film de Bergman en parlant d'un jeu comme ça :))
Merci pour cette présentation. Cet auteur fait des choses très intéressantes. Là, je me penche sur 5e Hardcore Mode. Même si tout ne m'emballe pas, il y a des idées qui méritent d'êtres étudiées/adoptées pour rendre D&D moins ennuyeux (pour rester poli).