La version courte de cette critique ? Allez acheter ce jeu si vous aimez la science-fiction, le genre pulp et les répliques cinglantes. Achetez ce jeu si vous aimez les jeux de rôles bien écrit et bien présenté. Et même si vous n'achetez pas le jeu, achetez au moins les comics, vous ferez plaisir au gamin qui est en vous, celui qui trépignait en regardant Indiana Jones pour la première fois.
ATOMIC ROBO : les comics
Atomic Robo narre les aventures d'un robot doué de conscience créé par Nicolas Tesla en 1923. A la fois scientifique et homme d'action, Atomic Robo traverse les époques (deuxième guerre mondiale, années 30, années 50, époque contemporaine...) et affronte les menaces les plus variées : entité extra-dimensionelle, savant fou nazi, intelligence artificielle et un dinosaure aussi agaçant que désopilant : le Docteur Dinosaure.Une comparaison est souvent faite avec Hellboy mais en réalité les deux comics sont assez éloignés l'un de l'autre. Hellboy est inspiré par la littérature gothique autant que le pulp, l'occultisme et le supernaturel y occupe une place prépondérante alors qu'Atomic Robo est résolument tourné vers la science-fiction, même les aspects les plus "fantastiques" ont toujours une explication (pseudo) scientifique.
Le ton d'Atomic Robo est de façon générale plus léger (même si tout n'est pas toujours rose...), le style de dessin très cartoon de Scott Wegener donne aux histoires un rythme très nerveux et l'écriture de Brian Clevinger est un vrai régal, la force du duo est (entre autres) leur capacité à créer des personnages attachants en quelques cases. Atomic Robo est entouré par toute une galerie de personnages très réussis, qui ne sont jamais de simples faire valoir.
Chaque volume est indépendant les uns des autres et vous pouvez commencer votre lecture par n'importe quel recueil. C'est une volonté affiché des auteurs : vous n'avez pas besoin de digérer une intrigue distillée sur 50 volumes afin de pouvoir profiter des dernières aventures de Robo. Mes conseils de lecture :
Si vous ne pouvez en prendre qu'un
The Ghost of Station X
Plusieurs intrigues qui se recoupent magistralement, un adversaire bien trouvé, des scènes d'action à la chorégraphie impeccable. C'est un de mes volumes favoris, le second étant...
The Flying She-devils of the Pacific
Un casting entièrement féminin pour une histoire particulièrement bien ficelée. Mais attention, tout le monde ne s'en sort pas vivant...Tous les autres volumes restent d'excellente qualité, même le confus The Shadow Beyond Time qui a le mérite de présenter Howard Philip Lovecraft sous un jour un peu plus "réaliste" que d'habitude et ce n'est pas tous les jours que l'on croise Carl Sagan au détour d'une bande dessinée. Il y a une véritable fraicheur dans ces histoires et le personnage devient petit à petit de plus en plus attachant. L'absence d'une version française reste pour moi un mystère...
Attention si vous achetez le JDR : il y a des gros spoilers sur toutes les histoires sorties jusqu'à présent !
En revanche évitez le premier recueil de Real Science Adventures : histoires trop courtes et poussives, des dessinateurs pas toujours très inspirés... La meilleure histoire du recueil est de plus disponible gratuitement.
Remain Calm and play the Atomic Robo RPG !
Atomic Robo utilise le système Fate (dont vous pourrez trouver des critiques ailleurs) pour faire simple : si vous avez déjà défini un de vos personnage comme "Très en colère" ou comme un "Combattant vicieux", si en tant que meneur de jeu vos descriptions passe par des mots plutôt que des chiffres ("une cité labyrinthique" plutôt que "jet de survie en cité à -5") vous savez déjà jouer à Fate. Il y a quelques dés pour faire joli (les fameux dés avec des +, des - et des riens) mais le cœur du jeu ce sont les Fate points. Lorsque vous vous mettez dans la merde vous gagnez des Fate points, lorsque vous avez besoin d'un coup de pouce vous en dépensez. Pour se mettre dans la merde, c'est assez simple, il suffit de bien interpréter votre personnage (vous ne pensiez quand même pas que "Très en colère" ne ferait que vous donnez un bonus en combat non ?) ou de vous mettre dans des situations difficiles (ce qu'aucun joueur ne fait jamais... Comme "pousser le bouton rouge" ou "défier le fils du roi en duel").Le livre est abondamment (et brillamment) illustré |
Dans Atomic Robo un personnage est définit par son aspect principal (le premier scientifique gorille, le dernier atlante, un ancien agent du MI6, etc.) puis par ses domaines (modes en VO) : action, science, intrigue... Chaque domaine donnant accès à des compétences. Il est bien entendu possible de créer son propre domaine. Par exemple pour mon dernier atlante je peux créer le domaine "Atlante" et lui assigner les compétences de mon choix. Pour chaque mode je défini alors un "aspect" pour le domaine Atlante je peux ainsi créer l'aspect "Dernier atlante"... Il ne reste plus qu' à créer des prouesses (stunts en VO) et le tour est joué. Il y a plusieurs méthodes de création de personnages, pour satisfaire aussi bien ceux qui veulent jouer vite que les joueurs plus maniaques.
La création de personnage plus les règles occupent les 130 premières pages du livres et laissent ensuite la place aux conseils destinés aux MJ (environ 90 pages) et les 70 dernières pages sont consacrées à l'univers et la chronologie des aventures d'Atomic Robo. Je tiens à souligner les efforts de présentation des règles, notamment via l'utilisation de planches de la BD. Tout est fait pour que l'apprentissage des règles se fasse en douceur, c'est un des gros points forts du livre.
L'avis de l'Ours
Atomic Robo RPG est une vraie réussite : le ton du jeu respecte celui des comics, les règles sont expliquées de manière très claire et le maitre du jeu dispose de tous les outils nécessaires pour mener ses parties. C'est une excellente manière de découvrir le système Fate qui souffrait jusqu'à présent du "défaut" des systèmes génériques : peu d'univers clés en mains (à part Legend of Anglerre qui n'est plus édité et bien entendu Dresden Files qui a bonne réputation mais dans un genre qui ne m'intéresse guère).Pour finir, le petit plus habituel de nos critiques :
La feuille de personnage et la feuille de faction en français.