Préambule
Ceux qui suivent mes divagations sur les forums de l'Ours (ou ailleurs) n'ont pas manqué de remarquer que j'ai beaucoup aimé the Void. Quand on fait une critique je pense qu'il est important de comprendre pour quelles raisons on aime (ou pas) l’œuvre que l'on a sous les yeux. On essaye ensuite de transmettre son ressenti au lecteur, libre à ce dernier de voir si il correspond à ses propres goûts. En gros une critique c'est, à mon sens, quelque chose d’éminemment subjectif et c'est tant mieux. D'un côté cela permet au critique d'être honnête plutôt que de se cantonner à une objectivité de façade et de l'autre ça ne prends pas le lecteur pour un imbécile ("ça c'est bien, achète, ça c'est nul, achète pas") : on lui donne un avis clair et construit, à lui, ensuite de faire son choix.Fin de la digression.
The Void, un jeu qui porte bien son nom ?
Ceux qui ont lu ma critique de Numenéra ont bien vu que je suis très emballé par ce jeu. Ceux qui ont lu mes premiers avis sur The Void ont pu voir que je ne tarissais pas d'éloges sur le sujet. Pourtant les raisons qui m'ont poussé à aimer ces deux jeux sont très différentes, voire diamétralement opposées.Dans Numenéra, dont le thème essentiel est l'exploration j'ai vraiment ressenti ce sentiment de découverte au fur et à mesure que je découvrais le jeu. Un univers riche qui nourrissait mon imaginaire qui a son tour enrichissait ma vision du monde de Numenéra.
Dans The Void c'est tout le contraire, j'arrive en terrain connu. La présentation est efficace, c'est Cthulhu dans l'espace et les sources d'inspiration (Event Horizon, Aliens, Ghosts of Mars et Outland) invoque immédiatement un univers, une atmosphère. Donc très rapidement j'ai eu envie d'aimer le jeu car je pouvais très rapidement combler le moindre "trou" dans les règles ou la description de l'univers.
Quand tu look dans le Void, le Void il...
Cela m'est déjà arrivé à titre personnel : je passe un oral, je ne suis pas très bon mais j'arrive à glisser une ou deux références qui font partir le prof dans un long discours sur son sujet préféré. A la fin de l'oral il est très content de sa prestation et me donne une bonne note.C'est un peu ce qui s'est passé pour moi avec The Void. Le jeu m'a lancé sur une piste que j'adore (l'horreur Lovecraftienne teintée de science-fiction) et j'ai imaginé mille-et-une choses alors qu'au bout du compte, le manuel de the Void est un peu vide. La description du système solaire et de la société humaine remplit son office mais on a souvent l'impression que l'on aurait pu en faire autant.
Tout cela est incontestablement utile mais au final cela ne vous donne qu'une base de travail, tout ce qui va donner un ton véritablement Lovecraftien à vos aventures... Et bien cela va venir de vous. Ce n'est pas la description de quelques monstres qui vont vous aider pour cela. Il n'y a pas de Innsmouth dans cette univers, pas de Kingsport, pas d'Arkham dans le sens où le système solaire n'est pas revu sous l'angle du Mythe. On a un univers de SF classique (colonies sur différentes planètes du système solaire), le Mythe étant relégué aux frontières. Alors que dans les œuvres de Lovecraft, ces créatures sont déjà là depuis longtemps, elles sont imbriquées dans nos croyances, dans nos villes et dans nos vies. C'est une menace "intérieure" alors que dans The Void, tel que le monde est décrit, la menace vient de l'extérieur.
"Il ne peut plus rien nous arriver d'affreux maintenant" |
Cet angle d'attaque ne me semble pas être le meilleur pour faire justement du Cthulhu dans l'espace. J'en veux pour preuve que les scénarios proposés singent (péniblement...) les intrigues des films proposés comme sources d'inspiration : vaisseau disparu, aliens vindicatifs, cris, alerte rouge et explosion. J'attendais les Montagnes Hallucinées sur Venus, les Contrées du Rêves de Barsoom, la base de recherche aquatique Innsmouth d'où une petite déception. Alors que les sources d'inspirations citées aurait dû être des points de départ elles sont pour l'instant comme des limites au-delà desquelles les auteurs ne vont pas. J'espère de tout cœur que la campagne à venir me fera mentir...
Mais pour l'instant The Void n'est pas l'Appel de Cthulhu dans l'espace, il en est loin. A ce jour il manque d'ambition, là où les auteurs m'avait vraiment séduit avec Cthulhutech (dont l'aspect foutraque et exagéré était parfaitement assumé) je les trouve un peu timorés sur The Void. L'aspect graphique du jeu est finalement son plus gros avantage mais sur la longueur ce seront les suppléments qui nous permettront de voir si The Void a ce qu'il faut pour devenir un classique ou s'il ne sera qu'un jeu dark SF de plus...
4 commentaires:
The void a aussi un gros avantage: c'est le billet qui va te permettre de passer la 100 000eme visite.
Pour feter ca, tu vas etre oblige de le traduire et de commisioner LG pour qu'il l'illustre. :)
Je pense que là on peut tout de même conserver les illustrations d'origine ^o^
Je viens juste de découvrir ce billet alors que j'ai lu The Void hier (suite à un achat que tu as déclenché via ton premier avis à chaud).
Perso, je ne savais meme pas avant la préface du livre que les auteurs s'essayaient à méler ça à une sorte de Chtulhu-verse. Ca m'a d'ailleurs surpris, puis étonné au fil de la lecture tant le livre fait en sorte de pas présenter ce à quoi on s'attend de l'application d'un tel mythe, et que tu explique très bien dans ce billet.
Sauf que moi que The Void soit un jeu de SF avec des bouts de monstre dedans à l'image de films comme Pandorum (par ex), ça me va très bien car c'est ce que j'attendais.
Mais effectivement un Monts de Mars Hallucinés, ou un Heliopause Express, m'iraient aussi très bien. :D
Guillaume
Reçu mon exemplaire ce jour.
Reste plus qu'à lire !
Enregistrer un commentaire